Décembre

Dimanche 1er décembre, 0h40
Bons moments familiaux chez maman pour fêter les anniversaires de Jean et Jim. Un midi pour les débats enflammés sur les sujets classiques qui opposent, notamment l’opportunité ou non d’une politique sécuritaire. Les camps se forment : Jim et BB contre maman et moi, Jean en observateur partagé ; l’après-midi, visionnage du Barber et parties d’échec (initiation de Jean) ; une soirée, avec Aurélia qui nous rejoint, s’achevant dans un
bœuf musical spécial de Palmas. Jim à la guitare, Jean à la percussion, maman à la caméra, Aurélia à la manipulation des cd, BB à l’endormissement, moi au chant et au tambourin : de La dernière année au Gouffre, en passant par Sur la route, Comme une ombre et Sans recours, la virevolte mélodique a comblé.
Eu hier Aurore au téléphone : elle a accouché le 19 novembre d’un petit Aris que nous découvrirons lundi à Paris. Mon premier amour devenu maman ! Cela fait tout de même un curieux effet…

Lundi 2 décembre, 22h
Le TGV en nocturne, ma BB blottie au coin de son siège, je laisse revenir en vagues immergentes les bons moments de ces trois jours. Une sérénité qui porte sans doute préjudice à la créativité littéraire, mais je dois m’obstiner à l’élan diariste. Emotion, tout de même, en fin d’après-midi chez
Aurore, le petit A., né le 19 novembre, la bouche accrochée à son sein… Nous étions invités à passer dans son réduit parisien qu’elle doit quitter prochainement pour un F3 dans un HLM Porte des Lilas. Son compagnon fait de spectaculaires progrès en français, et la nouvelle maman rayonne de bonheur à s’occuper de son nouveau-né. Nous en venons à évoquer très brièvement nos propres intentions en la matière : j’apprends que ma BB espère une première tentative l’été prochain. Pourquoi pas… finalement. Le temps passant, la certitude d’une relation s’ancrant, je peux envisager un tel bouleversement dans l’engagement humain.
Le week-end prochain s’annonce festif (malheureusement sans ma BB). La fête des lumières s’illuminera de la présence d’une bande de charmantes demoiselles : Louise la sœur, Marie, Laure et peut-être la luminescente Violaine, auxquelles s’ajouteront mes chers amis Elo, Shaïna et Jérôme. De quoi rendre guignolesque une soirée de croque-morts.
Heïm a de nouveau tout en main suite à ses demandes par courriels : envoi vendredi d’une disquette avec la version atténuée du Gâchis corrigée dans sa mise en pages et accompagnée d’un index.

Nouvel éclairage sur son exploitation des défauts de ses proches, sous couvert d’un esprit de dérision qu’il se targue de s’appliquer à lui-même. Mon père vient de se libérer, grâce à un cardiologue inspiré, d’un problème pris depuis trente ans comme une tare insoignable et honteuse. En immense amitié avec Heïm à l’époque de sa vingtaine, il avait confié cette gêne digestive qui lui faisait remonter une partie de ses aliments, obligé alors de les mâcher à nouveau à la façon d’un ruminant. Cette confidence aurait dû rester à ce stade ou, éventuellement, permettre de recevoir un conseil judicieux pour y mettre un terme. Or, non seulement l’épanchement ne fut suivi d’aucune recommandation, mais Heïm se servit du secret pour ridiculiser mon père dans ses portraits au vitriol lors de repas catharsis. Finalement l’affaire était totalement bénigne, parfaitement résorbable, mais l’impact psychologique a fonctionné comme un carcan inhibiteur jusqu’à ce récent conseil médical. Illustration d’une certaine gestion de l’être humain avec pour seule ligne de mire : servir ses intérêts.


Mardi 3 décembre, 23h50
Après-midi un peu tendue dans l’enseignement de la cmc aux postulants bac pro 2002-2004. Un auditeur de sexe indéfini se permet quelques réflexions ironiques : je fonce immédiatement dans la brèche pour percer les purulentes allusions. Je dois malheureusement censurer ma réactivité qui ne peut aller jusqu’au charcutage verbal du fumiste qui se croit malin. Ma fibre misanthropique revient alors très vite et la haine qui me submerge pourrait me conduire à l’irréparable si je ne m’en remettais pas à la raison. Ces niches à médiocrités humaines m’écoeurent… mais le devoir pédagogique avant tout.
Trop alarmiste sans doute, mais je n’ai plus de nouvelles de Heïm depuis que je lui ai envoyé les éléments pour la publication du Gâchis. J’espère que cela n’augure que la préparation technique du tirage. A défaut, il passerait vraiment, à mes yeux, pour un pignouf affabulateur. Je ne peux y croire… à moins que cette stratégie de la douche froide soit la sanction allouée pour mon éloignement affectif. Je ne peux croire à cette nouvelle désillusion…


Jeudi 5 décembre, 0h…
Un an avec BB aura optimisé mon ancrage lyonnais et fait renaître la croyance en une dualité sans sacrifier mes affections. Je l’emmène ce soir dans un bon restaurant de poissons, avant sont week-end laborieux côté nocturne.
Le bon à tirer final devait m’être expédié aujourd’hui. L’ouvrage paraîtrait avant la fin de cette année.

Vendredi 6 décembre, 22h25
Les visiteuses de la fête des Lumières tardent à paraître pour partager quelques amuse-gueule suivis de poisson… la sonnette !

Samedi 7 décembre, 9h45
Laure, spécialiste de la restauration de mosaïques antiques, Marie, demoiselle autour de la vingtaine qui collabore au musée, et Louise, la sœur de ma BB, sont finalement parvenues jusqu’à mon antre. Elise, arlésienne elle aussi, les accompagnait, mais a dû nous quitter rapidement pour retrouver son compagnon Vincent sis chez un oncle à Saint-Didier au Mont d’Or.
Le poisson en papillote de BB nous a régalé et le week-end s’annonce joyeux. Evocation des tares du système public qui entretient à vie quelques incompétences reconnues d’inutilité professionnelle, désespérant ceux qui se passionnent pour leur activité. Le conservateur-directeur du musée précité, et sa clique d’agents techniques gras du cortex, leur infligent ce je m’en foutisme institutionnalisé au quotidien. Il n’y a pas que dans les banlieues chaudes que l’impunité zéro doit être appliquée…
Reçu hier un appel de Sally qui se demandait si nous aurions le temps de déjeuner avec elle à Paris lors de notre passage. J’ai argué du planning, portefaix d’engagements divers, pour décliner l’offre. La réalité complémentaire tient à une incompatibilité d’humeur avec BB. Sally, en contradiction avec l’harmonie phonique, m’incite à n’entrevoir que des rencontres isolées, sans BB, et donc forcément plus rares.
J’ai, en revanche, invité Karl à venir partager la transition annuelle avec la bande lyonnaise. C’est bien le seul de l’ex famille affinitaire avec qui je n’ai aucune gêne relationnelle. Sa grande qualité : n’avoir jamais cherché à imposer, par la pression psychologique et par le sous-entendu perfide, sa conception de ce qui doit faire l’entourage et la vie sentimentale de ceux qu’on prétend aimer. Déviance insupportable chez Heïm, Sally, etc.
Ce Journal ne peut prendre sa dimension que par les deux tendances extrêmes réunies en perspective : dix ans d’engagement forcené et laudatif, et cette nouvelle ère du regard critique, lui aussi, sans doute parfois, outrancier. Cela s’érige pourtant comme une nécessité pour contrebalancer l’époque première, et comme un instinct stylistique propre au diariste pamphlétaire. Pourquoi épargnerais-je ceux que j’ai côtoyés aussi pour le pire alors que je n’ai jamais éludé l’autocritique féroce ? Impératif purgatif en quelque sorte.


Une tendre et apaisante première année avec ma BB (qui fait dodo pas loin après son travail nocturne) fêtée avant-hier par de petites attentions réciproques et un gueuleton de poissons au Deck, rue Tupin à Lyon.
Un texto… je rejoins le trio féminin deux étages au-dessous.

Lundi 9 décembre, 0h02
Pour un peu, je deviendrais philanthrope : des hôtes adorables, des amis complices et ma tendre BB qui me rejoint à l’aube dans mon dodo. Un week-end des Lumières en phase avec un très réel épanouissement non béat. Cette dimension d’existence, si modeste soit-elle, m’offre de plus salutaires relations que celles cultivées dans de plus confortables lieux.


A noter l’extrême et si gratifiante complicité d’Elo, Jérôme et la délicate Shaïna lors de la joyeuse soirée du sept, où la dizaine de personnes présentes a marqué mon antre lyonnaise du sceau de la pétillante convivialité. Une fin un peu éprouvante tout de même : la promenade nocturne dans Lugdunum illuminé a été de trop pour Elo. Sa récente ponction lombaire a laissé des séquelles à retardement : au début de la rue Mercière, alors que nous (avec Shaïna et Jérôme) devions rejoindre le Saint-Louis pour écouter l’enthousiasmante Bonny, Elo éprouve un malaise et des douleurs aiguës s’affirment dans le dos. Impossible d’aller plus loin, aucun taxi disponible, il faudra toute la gentillesse d’Eddy, de retour d’une bouffe à Bron, pour un rapatriement en urgence devant chez moi. Là, récupération de leur véhicule direction Saint-Cyr. Pour Eddy et moi, le Saint-Louis en ligne de mire, toujours plein à déborder. Emotions diverses donc.


[Courriel à Heïm]
Samedi 14 décembre à 11h43
Objet : Très satisfait
Cher Heïm,
J'aime beaucoup le choix de la couverture. La seule chose : peut-on mettre Journal pamphlétaire 1991-1999.
J'ai envoyé à Karl un fichier par Internet avec les modifications de présentation pour le texte, ce qui nous fait tomber à 456 pages, index compris... Je voudrais savoir si cela ne fait pas trop tassé pour toi.
Je t'embrasse très fort.


Dimanche 15 décembre
Encore une démonstration du terrorisme intellectuel chez Ardisson avec le duo incongru Joey Star-Romain Goupil qui tentent piètrement de faire passer la thèse du polémiste Combaz pour ce qu’elle n’est pas : la voix de l’intégrisme catholique et de l’extrême droite. L’inaltérable Kerçauson a bien senti la justesse d’analyse de l’auteur d’Enfants sans foi ni loi. La mauvaise foi du Goupil qui sait déceler les messages subliminaux terrifiants, ignobles et puants par une lecture « en creux », et les éructations dérisoires de Joey Star entretiennent les fadaises du Pote système avec sa pseudo tolérance et son vrai sectarisme dès qu’on porte atteinte aux postulats idéologiques ambiants.
Reçu jeudi, enfin ! la version éditable du Gâchis avec une vraie et belle couverture en couleurs : choix judicieux du Christ portant sa croix, de Victor Bosh, entouré de créatures hideuses et menaçantes… belle métaphore de cette quasi décennie versée dans l’édition.
Avec la pause de mes interventions à Forpro jusqu’au 6 janvier, je dois me concentrer sur la thèse, et commencer l’élaboration d’un plan détaillé…

[Courriel à Thierry Ardisson]
Dimanche 15 décembre
Objet : Réaction
Cher Thierry Ardisson,
D'abord merci pour la variété des invités qui se succèdent et s'affrontent. Réaction à la diabolisation de Combaz : la description de phénomènes que l'on constate tous les jours a donné lieu, notamment de la part du détonant duo Star-Goupil, a des simplifications trop souvent ressassées. La lecture en creux du Goupil vaut toutes les mauvaises foies du monde : l'interprétation ahurissante de propos clairs donne envie de tirer les oreilles aux rejetons de 68... quant aux éructations du Joey, elles amusent par leur dérisoire. Kerçauson a encore une fois été magistral... dommage qu'il ne soit pas resté jusqu'au bout pour un soutien encore plus déterminé à Combaz. Merci à vous...

Mercredi 18 décembre, 0h40
Eu Edith Silve hier au téléphone. Membre de l’association des Cahiers Paul Léautaud, je souhaitais avoir des précisions sur l’envoi du dernier numéro et le moyen de se procurer les anciens. Après quelques minutes, je l’informe de mon projet de thèse. Elle se montre très intéressée et me situe lorsque je lui rappelle l’objet de mon mémoire publié. Elle m’avoue trouver dommage que je ne poursuive pas dans cette passerelle établie entre Heïm et Léautaud et se demande si je vais vraiment trouver un angle neuf pour ma recherche sur le Journal littéraire.
Elle m’indique qu’aucune publication des passages censurés n’est encore possible, et qu’elle est la seule habilitée à le faire. Elle doit, en ce sens, rester sur ses gardes, car des plaintes en diffamation menacent la parution de ces passages censurés. Elle me livre quelques exemples de ces attaques infondés de Léautaud comme l’accusation de la famille de Mauriac d’avoir vendu leur résine aux Allemands, sans rappeler qu’elle y était contrainte par l’occupant.
Autre volet littéraire explosif dans ces impubliables, l’ondinisme obsessionnel du misogyne, prenant corps dans une expression trop crue. Léautaud le gros dégueulasse, en somme. Pour finir, et très gentiment, Edith Silve me propose d’annoncer mon travail de recherches, de m’ouvrir les pages des Cahiers pour y faire paraître un extrait de cette thèse et même d’informer de la parution du Gâchis, voire d’en proposer un passage dans lequel Léautaud apparaîtrait.
Ma BB est encore sur la brèche pour cette nuit.
Eu Elo qui a quelques soucis de gestion du relationnel sentimental avec Jérôme. Espérons que ce n’est que passager. Pour le 31, ni Estelle, ni Karl, ni Patrick ne peuvent s’associer à notre soirée. A cinq, la foire ne s’affadira pas pour autant.

Jeudi 19 décembre, 0h15



Haro sur les automobilistes !
Un entêtement médiatique appréciable, pour une fois : après la vague sécuritaire, la stigmatisation de la criminalité potentielle ou accomplie d’automobilistes ordinaires. Raffarin et son ministre des transports de Robien ont annoncé quelques mesures répressives, premier coup de latte juridique aux dérives criminogènes des conducteurs. Piéton pour l’essentiel, et au quotidien, j’observe cette frénésie agressive des pressés de la route qui vous écraseraient pour grignoter quelques mètres plus vite. Quelle tartuferie pitoyable que ces comportements aux antipodes de ce qu’on pourrait attendre d’une civilisation dite évoluée.
Je rejoins sans hésitation la position de Nicolas Hulot qui trouve bien plus de sagesse et de maturité humaine chez les peuples semi-nomades de Sibérie, en symbiose intelligente avec cet infini blanc, glacé, hostile, mais essentiel à la philosophie respectueuse de la nature de ces peuplades. Quel cirque lamentable que nos bouchons urbains au regard de ce vrai rythme existentiel. Et toute cette agitation pour accumuler des biens sans utilité fondamentale. Etre prêt à risquer la vie d’autrui pour combler ses envies accessoires : tout le pathétisme effrayant de notre forme de civilisation.

Samedi 21 décembre, 0h15
Hier après-midi, affalé sur mon lit, profitant d’une somnolence digestive, j’écris ce qui pourrait constituer les trois grands axes de ma thèse et quelques thèmes associés. La trame conductrice place le genre du Journal comme le plus approprié, littérairement, pour approcher la complexité d’un alentour via la subjectivité du diariste, lequel se révèle, entre constances et contradictions, à sa plus humaine valeur, et trouve dans ce type d’écriture la meilleure caisse de résonance à sa créativité littéraire. Le léger assoupissement permet parfois d’utiles productions.
Hier soir, arrivée de Louise pour son étape nocturne : elle repart ce matin à quatre heures pour Le Cellier.
Délicate attention de Laure qui, via Louise, nous offre une bouteille de vin en remerciement de l’accueil à Lyon.
Un week-end sous les meilleurs auspices, mais sans ma BB qui effectue ses dernières nuits avant les vacances hivernales. Cette après-midi, je devrais retrouver Elo, Shaïna et peut-être Jérôme pour les dernières emplettes de Noël ; ce soir, je partagerai l’exceptionnelle viande du Restau-boucherie avec Eddy et Bonny avant que ma chanteuse préférée ne se produise au Saint-Louis ; dimanche soir, peut-être une amicale visite de Rose et Sabrina rencontrées il y a quelques semaines au Red Lions.

Progressivement, je tape dans Word ce qui constituera peut-être un jour A mon aune, le deuxième tome de mon Journal pamphlétaire. Mars 2001, auquel je suis rendu, marque le tournant dans mon sentiment émergé sur ceux que je baptise désormais les « gens du Nord », mon ex famille affinitaire. Le fait déclencheur, le non respect de l’engagement éditorial à publier Un Gâchis exemplaire relève, avec la distance, du prétexte en forme de détonateur. Le regard critique couvait en fait depuis la fausse promesse de fiançailles faite par Heïm à Sandrine R. (ma Sandre d’alors). J’ai là pris de plein fouet le jeu manipulatoire qui m’a renvoyé à de bien plus anciens événements.
Ce n’est pas la publication prochaine du Gâchis, en forme de clôture d’une tranche essentielle de mon existence, qui va me faire changer d’un iota ma récente perspective à décrier l’encensé d’hier.


Dimanche 22 décembre, 4h du mat.
De retour du Saint-Louis où Bonny a donné de la belle voix face à un Yann plus fluet de cordes. Pourtant la miss a dû laisser reposer l’organe fatigué de la veille ce qui a nécessité l’annulation du Restau-boucherie. Nous nous rattraperons à quatre le trente au soir dans un japonais à la cuisine légère.
Toujours rigolo d’observer le comportement de certaines donzelles qui s’adonnent à la danse provocante, avec des complices de piste pour frotter les chairs. Etonnant de voir comment l’ondulation harmonieuse peut ennoblir des formes et une silhouette un peu relâchées. La transfiguration par le rythme et la danse révèle des personnalités peut-être mièvres dans la vie courante.

Lundi 23 décembre, 0h et quelques poussières
Un dimanche en reclus volontaire avant les grandes manœuvres relationnelles de la dizaine de jours à venir. Seule ma BB est venue agréablement perturber ce retranchement trente minutes avant son départ pour la dernière nuit de labeur.
TF1 a perdu l’un de ses grands reporters à l’apparence si sympathique, le géant Patrick Bourrat. Bousculé par un char de soixante-dix tonnes lors des entraînements militaires américains au Koweït, il n’a pas survécu aux terribles blessures. Curieusement, samedi, juste après l’accident, j’avais cru entendre sur France Info que ses jours n’étaient pas en danger. Y aurait-il eu des complications et un empirement soudain de son état ? Reste une veuve et une petite fille à la veille de Noël… Les médias ont cette puissance de nous rendre presque familier, jusqu’à une certaine forme de lien cordial unilatéral, à ces chasseurs d’informations. Les hommages tous azimuts n’ont en tout cas pas tardé. Jeudi 26 décembre Un Noël convivial et chaleureux chez les B. Affective attention des parents qui m’ont associé à la galerie des portraits de la salle à manger, au sein de leurs enfants. Je m’intègre sans aspérité à cette tendre ambiance empreinte de simplicité, mais aussi de conversations à très bonne tenue culturelle (les connaissances historiques du frère François, notamment).Une gourmande infidélité à Léautaud pour cette fin d’année : BB m’a offert le dernier Revel, L’obsession anti-américaine. Je deviens un inconditionnel de cette plume d’une fluidité argumentative sans pareille, à la référence intelligente, avec ce sens de l’évidence qui contrecarre moult de nos idées reçues. Sitôt la relecture des treize premiers volumes du Journal littéraire (j’entame le troisième) achevée, je m’immergerai dans le pavé de la collection Bouquin qui rassemble plusieurs des essais polémistes de ce vivifiant académicien. Envie trop forte d’y replonger… Samedi 28 décembre Dans le style un contre tous, la conversation de jeudi soir avec la famille B m’a fourni un vif entraînement. Le sujet : les Etats-Unis et leur culpabilité dans la politique internationale. Revel en grand inspirateur, donc. Je me fixe dans le rôle du pro-américain critique, dénonciateur des complaisances à l’égard des islamistes. J’ai un peu plus révélé ma personnalité à la famille B en espérant ne pas les avoir trop choqué. Le contraste du doux rapport en quotidienneté avec ma BB et de la confrontation hérissée dans les idées politiques, l’a inquiété sur l’oreiller… Cela pourrait-il aboutir à une rupture de ma part ? Je n’accorde plus assez d’importance à mes positions pour que cela dépasse le cadre de l’affrontement ponctuel. Je prends cela presque comme un jeu, et au fond je m’en moque. Pour rester dans l’actualité suscitant le débat, la secte des Raéliens annonce le premier clonage humain ; Nous n’aurons pas à attendre très longtemps pour que la production s’industrialise et que les clones viennent réclamer un droit à la vie comme pour tout être humain, s’insurgeant contre ceux qui veulent interdirent cette pratique. Quelques décennies tout au plus. A moins que d’ici là les instances de l’onu aient des pouvoirs effectifs renforcés, avec de vrais moyens, pour éradiquer dans l’œuf ces dérives scientifiques. Peut-être que le centenaire de la parution du Meilleur des mondes d’Huxley coïncidera avec la maîtrise clandestine du clonage reproductif. Une bien terrible façon de donner raison au roman visionnaire du britannique.

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